Idées reçues sur les architectes

Idées reçues sur les architectes. Les réponses de Cécile Bregeard, architecte à Tours et fondatrice de l’agence BL Atelier. 

Faire appel à un architecte, est-ce vraiment accessible à un particulier ?

C’est vrai que les architectes sont assez peu présents sur le marché de la construction individuelle, qui est plutôt le domaine des constructeurs. Les particuliers ont souvent peur du montant des honoraires. Pourtant, il y a des solutions. En tant qu’architecte, par exemple, nous ne sommes pas obligés de réaliser l’ensemble du projet. J’ai eu le cas récemment de clients qui voulaient faire construire leur maison. Ce qu’ils voulaient réaliser, avec leur budget, ça ne passait pas. Alors, j’ai appelé un maître d’œuvre que je connais bien pour savoir à quel prix au mètre carré il pouvait sortir le projet. Pour lui, ça collait. Du coup, nous avons réalisé les plans et déposé le permis de construire et le maître d’œuvre a pris le chantier. Pour un architecte, chaque construction est unique et il n’y a pas de petit projet. On peut toujours trouver des idées pour donner un petit cachet à une maison. On peut  jouer sur les ouvertures, ajouter une petite casquette, changer la couleur d’un bardage… Finalement, les clients ont eu une maison qui leur ressemblait et qui, surtout, ne ressemblait pas à celles de leurs voisins, avec un budget restreint.

Comment se déroule un projet ?

Tout commence par un rendez-vous client, assez long et détaillé. C’est le point de départ du projet. Le client exprime ce qu’il souhaite, sa problématique particulière et nous, nous posons toutes les questions nécessaires pour établir un premier diagnostic. La demande est-elle réalisable ? Quels sont les points de vigilance que l’on peut voir d’emblée ? Et puis, on met tout cela en regard avec le budget annoncé et on voit si cela peut passer ou pas. Ensuite, de retour à l’agence, nous établissons une lettre de mission dans laquelle nous expliquons notre démarche et notre vision du projet, avec une proposition d’honoraires.

Et si tout le monde est d’accord, qu’est-ce qui se passe ensuite ?

Si c’est une construction, nous attaquons le projet avec l’analyse des contraintes altimétriques (liées au terrain) et réglementaires, en prenant des renseignements auprès du service de l’urbanisme. Nous consultons le PLU, le plan de prévention des risques inondation (PPRI)… Cette analyse vise à valider la faisabilité technique du projet que nous proposons. 

S’il s’agit d’un bien existant, donc d’une rénovation ou d’une extension, nous commençons par le relevé des surfaces. Il s’agit d’obtenir un métrage précis de tous les espaces. On collecte également l’ensemble des données techniques, concernant les évacuations, les arrivées… Fort de tous ces éléments et du cahier des charges précis du client, on passe à la phase de création du projet à proprement parler.

On imagine souvent l’architecte comme un créatif qui dessine des bâtiments tout droit sortis de son imagination…

Un architecte est un créatif, c’est sûr ! Mais notre métier c’est, justement, de savoir créer des espaces en prenant en compte toutes les contraintes extérieures : l’environnement, l’aspect sociétal, les règles en vigueur au niveau national et au niveau local, le désir du client, le budget… On apprend ça, en école d’architecture, à travailler à partir d’un cahier des charges très strict et dans un budget très serré. Pour résumer, on est formés à faire entrer des éléphants dans des frigos ! Notre dessin, notre création, c’est un peu la synthèse de toutes ces contraintes, mélangées à notre créativité.

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